le téléphone hanté (suite et fin)
Ma mère s’étonna bien un peu de me voir regagner le giron familial, mais ne me posa aucune question. Elle était trop heureuse d’avoir quelqu’un à qui parler. Depuis la mort de mon père, elle vivait toute seule.
Je me disais que je ne m’occupais pas assez de son bien-être, mais trop souvent elle me mettait les nerfs à vifs. D’autre part comme nous vivions dans la même ville et qu’on se voyait souvent je ne culpabilisais pas.
Il a pourtant bien fallu retourner chez moi.
Le cœur serré, je regagnais mon chez-moi en pensant à ce paquet qui m’attendait devant la porte. Peut-être me l’avait-on volé ?c’est drôle de penser qu’on apprécierait la visite d’un voleur. L’idée me fit sourire.
Aucun voleur ne l’avait pris, le paquet m’attendait. Je ne pouvais plus fuir. Il me fallait le prendre et me décider à l’ouvrir.
Il me prit une crise de rire, je riais à ne plus pouvoir m’arrêter. Je riais à en pleurer.
Le paquet grand ouvert dévoilait son contenu qui n’avait absolument rien d’effrayant.
Dedans il y avait des chocolats, des gâteaux et un petit napperon de dentelle qu’une amie bretonne m’avait envoyé, avec retard, pour mon anniversaire.
En hoquetant je rangeais le tout dans le placard me disant « ma vielle tu perds vraiment les pédales, il est temps d’oublier ce téléphone si tu ne veux pas finir en hôpital psychiatrique »
deux jours plus tard, En passant je ramasse le courrier dans la boîte, où la plupart du temps il n’y a que de la pub ;j'y trouve un avis de passage, qui m'invite à passer à la poste retirer un paquet recommandé. Je fis le tour de mes amis pour savoir qui pouvait encore m’envoyer un cadeau. Je ressentis un petit pincement au cœur mais ne me laissai pas envahir par l’angoisse.
Accompagnée de Marine qui venait souvent passer la soirée avec moi, nous sommes allées chercher le paquet.
A la poste on me donna un paquet mal ficelé avec une lettre d’excuses. le paquet ouvert, Les employés avaient dû le réemballer, ce qui explique qu’il n’y avait que mon nom et mon adresse sur le paquet. Aucun tampon pour nous éclairer sur son origine et le postier n’en savait rien et n’était pas intéressé. Derrière moi il y avait la queue et il voulait finir à l’heure.
C’est marine qui déchira le papier et du fond de la maison j’entendis un « ça alors »
Tu ne devineras jamais ce qu’il y a dans le paquet. Hélas je ne le devinais que trop bien. Mon téléphone était revenu chez lui
Cette nuit-là marine resta avec moi. On en parla une bonne partie de la nuit. Marine commençait à s’intéresser à mon téléphone et aurait bien voulu l’entendre sonner. Mais comme toujours quand je n’étais pas seule, il ne sonnât pas.
Marine eut une idée géniale pour m’en débarrasser.
Puisque tu ne peux pas le jeter ni le mettre au grenier, il n’y a qu’à l’enterrer.
Ce sera ni vu ni connu et personne ne pourra te le renvoyer.
Sitôt dit sitôt fait.
Nous voilà toutes les deux, en pleine nuit à creuser le jardin.
Mon voisin curieux qui ne devait jamais dormir vint nous voir, il voulait savoir ce qu’on faisait. On lui répondit que c’était un jeu de piste. Qu’on enterrait l’objet à gagner et qu’on mettrait ensuite des indices pour aider les joueurs. Il nous crut et s’en alla en disant que les jeunes étaient complètement fous, qu’il allait prier pour notre âme.
On enterra donc le téléphone sur lequel on empila des galets avant de le recouvrir de terre.
Plus jamais je ne l’entendis ; il faut dire que j’ai aussi déménagé.
Si dans votre jardin, vous entendez sonner en pleine nuit, c’est peut-être mon téléphone
Qui appelle. N’allez surtout pas le déterrer vous ne pourriez plus vous en débarrasser.
N’ayez crainte cette histoire est sortie de mon imagination. Dormez tranquille.