la lettre du passé

Publié le par reinette

 

 

ce texte, je l'écris dans le cadre du jeu d'écriture de Eriquetta http://enriqueta.over-blog.com/categorie-10295297.html

 

Il fait doux. Un soleil printanier distribue généreusement ses rayons et illumine encore ce début de soirée.

Je rentre de mon travail et comme d’habitude plonge ma main dans la boîte aux lettres, que j’appelle la boîte à attrapes. j’en sors une lettre, que je fourre dans mon sac, me disant que je la lirai plus tard.

 

Après m’être rafraichie et sustentée, je m’installe à mon bureau.
J'ouvre la lettre du jour. Une photo s’en échappe, sur laquelle on peut voir un couple, la cinquantaine environ, devant une bijouterie. Je la mets de côté et commence à lire.

 

Ma chérie

 

D’abord je t’embrasse,

 

J’espère que tu vas bien, ainsi que la petite Aline.

J’ai un pincement au cœur, j’ai pensé que c’était une lettre posthume de ma mère, morte l’année dernière.

 

 

Intriguée, je regarde mieux la lettre, elle date de 1958, 6 ans après ma naissance, c’est-à dire il y  a 32 ans et est adressée, non pas à moi, mais à ma mère avec qui je partageais le même prénom.

La lettre a mis 32 ans pour être acheminée de Fontainebleau à Nemours. Ces 2 villes sont distantes d’environ 15 km ; c’est vous dire ma stupeur.

il y a là un mystère qu'il serait interressant d'éclaircir.
 

Je continue ma lecture :

.

Ton père et moi sommes allés en ville aujourd’hui. Nous avons mangé au restaurant, tu sais le nouveau qui a ouvert récemment.  Il n’a pas pu s’empêcher de m’acheter une bague pour me dire combien il était heureux.

Le fait qu’il n’a pas pu m’offrir d’alliance le jour de notre mariage, l’a toujours embêté et il s’était promis de me l’acheter dès que possible. L’occasion ne s’était jamais présentée. Aujourd’hui, il a voulu me faire la surprise. Plutôt qu’une alliance, j’ai préféré une bague qui pourra te revenir. Elle n’a pas une grande valeur sur le marché, mais pour nous elle représente beaucoup. Je te joins la photo qu’un passant a accepté de faire quand nous sommes sortis de la bijouterie. il tenait à ce qu’on puisse admirer ma bague.

Je serais heureuse si tu me confiais la petite Aline pendant ton séjour à la clinique.

Ton père dit que nous pourrions venir la chercher le week-end du premier mai.

 

Ton père et moi nous vous embrassons très fort toutes les deux.

 

Je me souviens très bien de cette année là.

 

C’est l’année où mon père est mort. Il s’est  endormi et ne s’est plus jamais réveillé. Son cœur s’était arrêté de battre.

C’est aussi l’année de la naissance de ma sœur. Elle est née une semaine après la mort de notre père. Grand-père et grand-mère sont venus et ne sont plus repartis. ils ont vécu avec nous par la suite. Ils sont morts eux aussi environ 2 ans plus tard dans un accident de voiture.ils marchaient tranquillement, lorsqu’une voiture les a fauché tous les deux. Ils n’ont pas survécu à leurs blessures.

Ils avaient sûrement dû oublier la lettre, car je ne me souviens pas d’en avoir entendu parler, mais.

Mes grands-parents n’ont peut-être jamais imaginé que maman n’avait  pas reçu la lettre, ils ont dû être tellement accaparés par les évènements.

Maintenant que j’y pense, il y avait bien une bague que maman adorait par-dessus tout, elle me disait souvent je te la donnerai quand tu seras grande.
Je ne l’ai pas eu et pour cause.

 

Un jour, après s’être habillée pour sortir avec des amis, maman voulut mettre la bague qui lui venait de sa mère, elle avait disparu. Le coffret était bien à sa place mais vide. Jeannette, ma petite sœur, avait vu, Josette, notre jeune bonne, fouiller dans les affaires de maman. Elle la dénonça.

Elle fut renvoyée et une plainte fut déposée contre elle

Josette affirma que la bague qui était en sa possession était à elle, que c’était son fiancé qui la lui avait donnée. Celui-ci corrobora l’histoire. Il aurait fallu une photo ou un  reçu quelconque pour défendre notre position.. Ni Josette, ni nous, n’avions de preuves sur la propriété de la bague, c’était notre parole contre la sienne.

 Le juge a décidé que dans le doute, Josette pouvait garder la bague. Si maman avait reçu la lettre elle aurait pu fournir la photo comme preuve, et démontrer que la bague était bien à elle. Sur la photo on voyait bien grand-père lui tenant la main et la bague briller sur l’annulaire de grand-mère.

Maman a eu beaucoup de chagrin de la disparition de sa bague

C’est dans des moments pareils que je regrette encore plus qu’elle soit morte, on en aurait bien ri de cette histoire.,Elle aurait dit c’est le destin.

De cette bague j’aurais au moins la photo

J’oubliais, il me reste aussi le petit coffre que maman avait acheté par la suite, mais la clé a disparu.

 

Publié dans nouvelles

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E
Invitation :<br /> http://lequipedechoc.over-blog.com/article-27103305-6.html#anchorComment
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A
Bonjour,<br /> Belle histoire, un peu triste certes, mais ça nous replonge bien en arrière, où, effectivement, il était très difficile pour un homme de faire plaisir à sa femme !<br /> Belle participation à ce défi : bravo !<br /> J'ai un texte très différent pour ce défi... viens voir dans ma ruche... Bizzzzzzzzzzzzzzzz
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Z
Chère Reinette, <br /> tu avais déposé un message sur mes acrostiches de la semaine il y a quelques temps. Aussi, je suis allée visiter ton blog et je dois dire que je suis tombée en émerveillement devant la douceur de ta poésie et l'humanité qui se dégage de tous tes écrits. Particulièrement cette histoire de lettre parvenue trente ans après m'émeut profondément car c'est une histoire du passé et de famille, et ces deux ingrédients tels que tu les as mélangés et façonnés pour créer ce récit, me touchent tout spécialement.<br /> Merci et bonne continuation dans l'écriture et dans la vie pour 2009 !<br /> Elsa
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O
je reviens lire cette histoire. J'aime beaucoup...ces petites choses qui auraient pu changer nos vies...<br /> bisous
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J
J'apprécie beaucoup ton histoire. Elle est particulièrement émouvante. Bravo !<br /> <br /> Amicalement.
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