la passerelle
texte écrit pour la petite fabrique d'écriture http://azacamopol.over-blog.com/
C’était une belle matinée comme il y en a souvent dans les îles.
Après avoir assisté à la petite messe, très tôt, nous sommes partis pour notre pique-nique du dimanche.
Chaque pique-nique était l’occasion de connaître une partie de l’île.
Ce dimanche là, c’était Salazie que mère voulait nous faire connaître, le berceau de notre famille maternelle.
Salazie est un des 3 cirques de l’île de la réunion. Il se situe au centre de l’île.
Son paysage est marqué de gorges, de montagnes sur lesquels dégringolent de nombreuses cascades, ce qui rend l’accès de certains endroits très difficile.
Mère avait jeté son dévolu sur la rivière. En fait, la rivière était tout au fond d’une tranchée, large d’une bonne centaine de mètres (je n’ai pas la largeur exacte). Une passerelle de lianes permettait de la franchir. Bien sur nous n’avions rien à y faire de l’autre côté ; mais pour le plaisir ou les frissons mon père nous entraîna de l’autre côté.
Imaginez de grosses lianes entrecroisées pour le passage et une autre qui court tout du long, de chaque côté, pour servir de rampe, en bas la rivière qui bouillonne, la cascade qui résonne sur les parois de la montagne et nous petits insectes ballotés sur ces lianes suspendues.
Le début du parcours se passe à peu près bien malgré la peur au ventre.
Au fur et à mesure de l’avancée, le vertige me prend.
La passerelle bouge au gré des mouvements. J’ai l’impression qu’elle ne tiendra jamais sous notre poids. Je ferme les yeux et reste accrochée à cette corde, tétanisée, persuadée de finir dans le bouillonnement de l’eau.
Père dut faire plusieurs allers- retours pour nous récupérer les uns après les autres.
Quel horrible moment, j’ai passé là, suspendue entre ciel et terre au dessus de ce gouffre bouillonnant prêt à m’avaler.
Cette passerelle était utilisée par les habitants de l’autre rive qui avançait là-dessus à grands pas en tenant d’une main un panier sur la tête. Moi, je n’ai fait que quelques pas. J’étais bien heureuse de ne pas habiter cet endroit inaccessible.
Cette passerelle n’existe plus. Un solide pont l’a remplacé.
ce n'est, bien sur, pas la photo de la vraie passerelle. pour illustrer mes textes ou poésies, je prends les photos un peu partout là où c'est libre de droits. en l'occurence celle-ci est de " flickr"