un instant de folie
Il a claqué la porte. La maison résonne encore des mots criés dans la colère. J’ai passé les bras autour de moi comme pour protéger mon cœur blessé et le regarde monter dans la voiture et démarrer.
Il me faut sortir aussi, fuir cette maison où l’atmosphère est à la colère. Je jette un châle sur mes épaules prends mon sac au passage et emprunte la première rue qui se présente.
Coïncidence ou pas la rue aboutit à la gare.
Pourquoi ne pas partir ?ne plus voir personne, ne plus penser à rien, partir loin de ce chagrin que je sens monter.
Tout un choix de destinations s’affiche sur le tableau lumineux.
Prochain départ : quai A voie 2 pour Marseille saint-Charles.
Comme une automate, je cherche le quai A. il est noir de monde. Je regarde un moment le va et vient des voyageurs. Je monte dans le premier wagon, je m’assois dans un siège vide côté fenêtre et le front collé à la vitre je rêve d’une autre vie. Vais-je vraiment y aller ? Suis-je prête à changer de vie ? En moi la colère bouillonne. Je voudrais qu’il souffre aussi, si je partais, aurait-il mal ? Un homme s’approche, en s’excusant me dit que je suis à sa place. Vivement je me lève en bredouillant et redescends du train. Qu’irais-je faire à Marseille ? La vie est la même partout. On ne peut pas se dépouiller de ses sentiments.de toute façon, je n’ai pas acheté de billet.
Les trains s’en vont les uns après les autres, d’autres reviennent décharger leur flot humain.
Je regarde tous ces gens et je me demande s’il leur arrive aussi d’être malheureux. Pour l’heure ils sont surtout pressés.
Redevenue raisonnable, je gagne la sortie et prends la direction de chez moi. Devant la maison, il m’attend, il était parti sans ses clés.
Peut-être que lui aussi a rêvé de partir loin très loin ?
Dans ses yeux je lis le pardon. Lui aussi souffre de notre dispute.
Doucement il me prend par les épaules, tous les deux nous rentrons ensemble et je suis bien contente de n’être pas partie avec le train.