l'inconnue du café Solferino( suite 4)
Lorsque je racontais ma rencontre à Catherine, elle me dit
- t’es folle ma pauvre fille, cette histoire va trop loin, faut te ressaisir.
Elle est morte et bien morte.
Je sais qu’elle est morte, mais je sais aussi ce que j’ai vu.
Je veux bien admettre que ce ne soit pas elle, en tout cas, elle lui ressemble étrangement et je veux savoir qui elle est.
Je pris l’habitude d’aller chaque jour dans ce café.
Le garçon me connaissait maintenant et quand il avait un moment, il venait me faire un brin de causette.
Catherine se faisait du souci pour moi. les quelques années qu’elle avait de plus, lui faisaient croire qu’elle devait me materner.
Elle avait tort, je n’étais pas vraiment perturbée,
D’accord, j’ai été un peu choquée par la mort de cette personne, faut reconnaître que j’avais de bonnes raisons. Il n’est pas commun de rêver la mort de quelqu’un et de s’apercevoir ensuite que c’est arrivé.
J’y ai beaucoup pensé et j’en suis arrivée à la conclusion que nous avions quelque chose en commun et c’est ce que je voulais découvrir.
Un jour que je ne l’attendais plus, je l’ai vue arriver.
Elle est descendue d’un taxi et tranquillement est venue s’asseoir à la même table qu’avait occupée l’autre inconnue.
Bonjour lui dis-je, puis-je m’installer à votre table ?
Elle me regarda.
À ses yeux, je vis qu’elle me reconnaissait mais ne m’en dit rien et acquiesça à ma demande.
Assises en face l’une de l’autre, nous nous regardions sans parler, nous nous jaugions.
Il faut croire que pour elle l’examen fut positif car elle parla la première.
-J’ai comme l’impression que vous me cherchiez. la dernière fois déjà, vous me guettiez mais le temps m’a manqué.
-C’est donc bien vous que j’ai vu pleurer ici dans ce café, vous n’êtes pas morte.
-morte ?non, je suis bien en vie il me semble. Triste, préoccupée mais bien en vie
Je sortis de mon sac la page du journal que j’avais gardée où on pouvait voir la photo d’une jeune femme qui lui ressemblait trait pour trait.
Elle blêmit, m’arracha la feuille et se mit à lire avidement.
L’article relatait juste, la mort d’une jeune femme non identifiée qui s’était suicidée en se jetant dans un ravin.
Elle prit son sac, se leva pour partir. Je lui barrai la route et lui dit.
Ah non ! Vous n’allez pas encore vous sauver, il faut que nous parlions.
Ecoutez me dit-elle, il me faut absolument partir c’est très important. Je vous donne un numéro de téléphone où vous pourrez me joindre. Appelez-moi demain, et je vous dirai tout ce que vous voulez savoir.