une famille volée
Les yeux larmoyants,
Un pauvre petit sourire
Destiné à sa protectrice,
Il la suit docile
Dans une grande salle à manger
Où, lui dit-elle, on va lui donner à manger.
Des images défilent,
Que même en fermant les yeux
Il ne peut s’empêcher de voir.
Son père menottes aux poignets
Emmené entre deux policiers,
Puis le hurlement d’une sirène
Qui déchire le silence.
Devant son assiette,
Pourtant remplie de bonnes choses,
Il reste sage mais ne mange pas.
Il n’a pas faim.
Il voudrait juste savoir.
Il n’a rien compris à ce qu’on lui a dit.
Savoir où sont ses frères.
Pourquoi sa mère pleurait.
Pourquoi on a emmené son père
Et pourquoi doit-il rester dans cette grande maison
Qui lui fait peur.
Est-ce qu’il est en prison lui aussi ?
Des jours et des nuits
Il ne peut empêcher ses yeux de pleurer
Puis ayant épuisé toutes ses larmes
Attend sagement que passe le temps.
Il attend que son père ou sa mère vienne le chercher,
Il voudrait tant retourner dans sa maison.
Il voudrait tant que sa mère
L’embrasse en lui disant dors bien mon ange.
Il voudrait bien entendre son père
Lui demander comment s’est passée sa journée
En lui passant la main dans les cheveux.
Même que maintenant il serait d’accord
Pour prêter, son beau camion tout neuf, à son frère.