ce jour là, j'ai tourné la première page de ma vie
Le jour se lève à peine
Je n’ai pas digéré la peine
D’être obligée aujourd’hui
De tourner une page de ma vie
Plus tôt que d’habitude
Et je dois en prendre l’habitude,
Ma mère m’a levée.
Tout de suite au pied levé,
J’ai dû avaler mon chocolat,
Infect ce jour là.
Encore rouge de l’eau froide,
Par l’inquiétude tenue coite,
Les cheveux nattés
A mon gré un peu trop tirés,
Je fus trainée sur la route de l’école.
Il me souvient d’une rousserolle
Chantant à tue-tête.
J’aurais bien pris la poudre d’escampette.
Mais ma mère me tenait serrée
Tout en discutant avec la voisine d’à côté,
Qui, elle aussi tenait sa fille
Se tortillant comme une anguille.
Nous nous connaissions, pourtant,
De nos larmes abusant,
Trop occupées à essayer de nous libérer,
Nous n’osions pas nous regarder.
Emmenée tout de suite par la maîtresse,
Silencieusement traitée de bougresse,
Mouchée et raisonnée,
Bon gré, mal gré, je dus me résigner.
Cependant, à la fin de la journée
Je n’eus pas envie de rentrer.
Je voulais encore dessiner,
Chanter et jouer.
Premier jour de cette vie scolaire
Ce soir là, impossible de me faire taire
Je me suis endormie sur un mot
Qui bruissait comme le grelot
Du marchand de sable