promenade matinale
J’ouvre la porte sur la naissance du jour
Le soleil attend encore que la lune s’en aille
Les poules obéissant à l’injonction du coq
Caquettent en réponse à son cocorico
Au loin résonne six coups au clocher de l’Eglise
Que le silence me permet d’entendre
J’enfile mon vieil imperméable
Qui me fait ressembler à un épouvantail
Et j’emprunte la sente qui mène droit au canal.
L’eau dort encore
Je n’observe aucun friselis
Une forte odeur de vase
Etend sa chape jusque sur la forêt
Sur la berge, un héron cendré
Outré de ma présence
S’envole et va se percher sur l’arbre le plus haut
Je l’admire un instant constate qu’il me nargue
Un banc de petits poissons brouillent les reflets
Un bruit insolite me parvient
Un ouvrier sur son vieux vélo longe lui aussi le canal
Sûrement un raccourci pour gagner l’usine
Un petit salut silencieux et il me dépasse.
Plouf, le premier canard se jette à l’eau
Suivi de deux autres
Formant un V, ils se laissent glisser
Et l’eau commence à vivre.
J’ai l’impression de l’entendre respirer
Sans savoir exactement quand cela a commencé
J’entends tous les bruits de la nature qui se réveille
Les oiseaux à leurs prières chantent délicieusement
Le petit vent qui subrepticement s’est levé
Joue une sérénade dans les jeunes feuilles
Le saule se penchant dangereusement
Baigne ses branches en les balançant
De dessous sortent
Toute une famille de canards
Les petits sont adorables et obéissants
Dans le sillage de leur mère
Ils se mettent en route
J’imagine qu’elle les mène à l’école.
Deux cygnes se joignent à eux un moment
Puis font demi-tour et regagnent la berge
Où ils commencent une toilette méticuleuse
Un chien déboule d’un sentier
surpris Il aboie férocement
Son maître le rattrape et ils s’en vont plus loin
Le jour s’est levé
Le soleil fait miroiter l’eau
Et les bruits s’amplifient
Le canal bruisse de la vie du village
Il est temps pour moi de rentrer
Les mains dans les poches
Je regagne la maison d’un bon pas.
Une odeur de café et de pain grillé
Vient à ma rencontre
J’accroche mon vieil imper à sa place et gagne la cuisine