et la vie bascule
Parti en claquant la porte, Jo espérait qu’un peu de marche ferait retomber sa colère.
Dehors le soleil continuait sa route comme la terre d’ailleurs. Il n’y avait que lui qui n’était plus en orbite.
Ses yeux ne voyaient plus la réalité, du moins c’est ce que disaient ses parents. Lui, il n’en croyait pas un mot, il pensait plutôt qu’ils étaient dépassés par le progrès. Ils n’avaient plus les mêmes valeurs.
Incompris chez lui, il trainait de plus en plus et s’était fait des amis que son père qualifiait de voyous.
A grandes enjambées il se porta jusqu’au pont, leur lieu de réunion, Où il retrouva le gnome qui était occupé à nettoyer un pistolet, qu’il avait subtilisé à son père, avec un pan de sa chemise.
Ils se mirent à parler des armes et surtout de tout ce qu’ils pourraient faire maintenant qu’ils en avaient une. Ils étudièrent plusieurs situations, où, bien sur, tout marchait comme sur des roulettes.
Ils allaient avoir plein d’oseille et montreraient à leurs parents ce dont ils étaient capables.
A eux les téléphones portables, les écrans plats et la dernière wii. Ils auraient aussi chacun une moto qu’ils feraient ronfler le soir dans la cité.
Le rouquin arriva à son tour, furieux que son père, encore une fois, rentré soul, les avait cognés la mère et lui. Son œil droit injecté de sang gonflait à vue d’œil et sa joue barrée d’une estafilade était barbouillée de larmes rougies. Il trempa un kleenex, ramassé sur le sol, dans l’eau de la rivière et se nettoya en contant la scène à ses camarades.
A la vue de l’arme, il eut l’idée de se venger de tous les coups reçus et paroles blessantes dont son père l’abreuvait.
Ensemble ils montèrent le coup. Le rouquin disait que justement c’était le bon moment. Sa mère étant sûrement partie pleurer dans le giron de sa copine et son père lui, ronflait comme un porc, au milieu du lit conjugal.
Le gnome disait qu’au contraire, il fallait attendre, il fallait une bonne préparation pour ne pas se faire prendre. Jo lui n’avait pas d’avis, il ferait comme les deux autres voudraient.
Après une longue discussion et un tirage au sort il fut décidé que ce serait le rouquin qui garderait l’arme en attendant
Pour passer le temps, Ils alignèrent quelques boites de conserves et s’entrainèrent à tirer à tour de rôle jusqu’à ce qu’un groupe de motards les délogent de leur QG. Car c’était aussi le leur.
Ils s’en allèrent par les rues que l’obscurité commençait à envahir, chahutant les jeunes filles qu’ils croisaient. A leur tour, délogèrent des plus jeunes de leur QG et s’installèrent sur le banc d’un square.
En face s’ouvrait la petite épicerie du quartier, l’entrée leur était interdite depuis que la main dans le sac ils avaient été pris à chaparder.
Ce soir là, fort de leur pistolet, ils décidèrent de forcer l’entrée. Comme des coqs, prêts à livrer bataille, ils s’apprêtaient à entrer. Le commerçant les ayant à l’œil comprit leur manège. Comme il se faisait tard, il devança de quelques minutes l’heure de la fermeture et baissa le rideau sous leur nez.
Privés de la distraction prévue, le rouquin qui avait le pistolet tira plusieurs fois dans la vitrine,
Une balle ricocha et alla se loger dans le bras d’une jeune femme qui passait par là.
Dépassés par la situation, ils se sauvèrent et chacun regagna le giron familial.
Ils furent rattrapés et durent payer leur comportement inconsidéré.
Suite à ces évènements on peut imaginer deux situations
-ils ont compris la leçon et se rangèrent
-ils n’ont pas compris la leçon et devinrent des truands notoires