un peintre brisé
Pour le défi n° 35 de Abeille 50
De rage, il barbouille la toile de noir
Puisqu’il ne peut la voir
A quoi bon continuer à peindre
Ce n’est pourtant pas son genre de geindre
Depuis que le jour et la nuit
S’étaient confondus pour lui
Il se sent l’âme d’un vieux barbon
Tout a la couleur du charbon
Il n’arrive même plus à se représenter les perles de jais
Le collier que sa mère portait
Les jours de cérémonie
La peinture pour lui c’est fini.
Avec ses yeux il a aussi perdu sa passion
A-t-il mérité une telle punition ?
Le bitume qu’il a préparé
S’est complètement desséché
Qu’avait-il encore l’intention de peindre ?
Peut-être pourrait-il encore s’astreindre
A peindre des corbeaux ?
Seule couleur que son cerveau
Est capable de représenter
Il avait bien lu que l’aniline était un danger
Mais fort de sa jeunesse
Il était sans sagesse
Se prenait pour un merle blanc
Pense-t-il en abdiquant
A portée de sa main une tasse decafé
Un peu de réglisse qu’il adorait sucer
Baignent dans l’encre méthylène
Que, dans sa rage de ne voir que de l’ébène
Il a renversée